Dante, l'être de néant. Il se cambre Dante, écrasé par l'an deux mille. Corps squelettique, il pique, il crie -toujours dans sa tète. Prunelles bleuâtres tournées vers le mât. Les étoiles, elles brillent Dante, mais pas pour toi. Dante, il n'a rien, il n'est rien. Il se pense bon à rien. Mais il distribue des sourires Dante, à toi, à lui, à elle. À ceux qui voudront bien d'lui. Il rigole Dante, un rire jaune et mauve, qui s'échappe d'entre ses lèvres. Il va dans la nuit, se perd et lève les yeux au ciel. Peut-être que y'a du monde là-haut. Peut-être que y'a quelqu'un pour lui. (peut-être que c'est juste marie-jeanne qui vole). Ses pensées divaguent parmi les étoiles. Dante, c'est celui qui s'use et qui s'amuse. Celui qui a laissé tomber ses études, celui qui affiche un doigts quand ça lui plaît pas, celui qui prêche la bonne parole à ses proches. Dante, il a foulé le bitume de ses vieilles godasses. Juste après que ses parents lui aient claqué la porte au nez. Adolescent maudit, jeunesse abîmée. Il a osé. Il a osé. Mais, t'as quoi dans ton crâne, Dante, pour embrasser un garçon ? L'ultime loi, il l'a transgressée. Il n'avait pas le droit, non. Alors, la gifle est partie. Rapide, stridente, elle s'est écrasée sur sa joue. Comme pour lui rappeler, lui rappeler qu'il n'est qu'un vague lien, une jointure entre deux a(i)mants. Deux personnes qui jamais plus ne s'aimeraient. Pourtant, il aimait pas les hommes Dante. C'était juste un ado rebelle avec des parents un peu trop conservateurs, priant un Dieu auquel il n'a jamais cru. Dante, c'est celui qu'aucun des deux ne voulaient. Déchet qu'ils ont finalement parvenu à recycler. Envoyé chez un oncle jamais rencontré. Inconnu au bataillon, il est parti le joyeux Dante. Abandonné, délaissé. Envolé le déshérité, il a laissé place à un résigné. Dante il a dû apprendre à vivre loin de cette cage dorée. Adieu les billets, au revoir la vie de palace. Maintenant, il cultive une amertume Dante, un rhume face à cette classe sociale. Une haine viscérale. Ces gens, ces personnes de la haute auquel il appartenait autrefois, Dante, il pourrait leurs cracher dessus maintenant. Leurs faire regretter de l'avoir rejeté et renié. Ça devrait être lui là, le môme qui se pavane, hypocrisie jusqu'au coup et rayban sur le nez. Ils n'avaient pas le droit de lui retirer sa vie pailletée, personne ne pouvait lui ôter son existence aux bordures dorées.

Alors, Dante, il traîne dans la rue, les yeux gonflés et le cœur recroquevillé. La capuche enfoncée qu'on puisse pas le reconnaître sous la lumière des réverbères. Lorsque le soir commence doucement à tomber,  que le ciel change de couleurs. Quand les gens se taisent, et que les murmures éclosent. Lui, il est là, assis, debout, couché, il en oublie de respirer. Il sait pas quoi faire, comme souvent ces derniers temps, ces derniers jours. Il titube parmi les voitures dégoulinantes de richesses, et d'un coup de main, il passe une clefs sur leurs carrosserie. Maintenant, elles crient les lamborghinis, elles hurlent à la lame, se plaignent de ces cicatrices qui saignent sous le passage de Dante. Et ça le fait marrer le sale gosse, c'est mieux qu'le chant des sirènes. Il sent une jouissance, là au fond de son estomac. Puis dans son délire, il prend ses jambes à son coup, disparaît avant d'être rattrapé par les bruits d'pas de chaussures trop bien cirées.