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 (misha) désarme moi.

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Christian Grethen
Christian Grethen

Messages : 37
Date d'inscription : 05/06/2015

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MessageSujet: (misha) désarme moi.   (misha) désarme moi. EmptyMer 10 Juin - 22:23




Constanzia ne l’avait pas accompagné ce soir. Les rituels avaient pris fin depuis maintenant de longs mois, depuis que le secret avait été avoué – Découvert. Depuis que l’existence de Mila avait été révélé, que leur union passionnée avait crevé les yeux de la pauvre femme. Pauvre, naïve. Aussi innocente que coupable… Même si dans cette triste histoire, Christian revêtait les châles du démon.

La solitude l’entourait comme une ombre. Même les gens semblaient ne plus le voir : les places autour de lui étaient libres, le balcon vide. Le velours rouge des parois saignait la gêne de Christian. De trop, en trop. Et du mauvais côté de la scène. Il venait, ce soir, voir danser la magnifique troupe de son plus grand concurrent, et son appréhension puait dans l’air. Il les sentait bons, il les savait géniaux, les idolâtrés de la grande scène. Amer et glacial, le regard rivé sur la fosse d’orchestre, semblant insensible à l’entourage, il s’éteignit en même temps que les lumières, se recueillant au creux du silence qui embrumait la grande salle de l’opéra.

Ombre léchant les murs, le cœur lourd et retourné, l’esprit se noyant sous une hémorragie de haine, Christian quitte l’opéra et la fraîcheur de ses murs. Ses doigts écrasant sa sublime veste, il foule le sol, s’éloignant à grands pas, hypnotisé par la jalousie. Il ne voit personne, ne répond à personne. Et personne ne l’accoste, bien qu’il soit connu des visages. Tout le monde a vu, tout le monde a ricané, tout le monde a compris. Les danseurs avaient été époustouflants et la troupe de Christian était loin derrière la technique et la sensibilité de ces grands talents. Le pauvre Christian, fourmis portant un rocher, ravalait des larmes de détresse. S’il pouvait danser pour tous…

Mais il ne pouvait.

Mais il ne dansait pas.

La vieillesse se rappela à lui à l’instant même, l’arrêtant dans une ruelle en lui arrachant une cotte. Poing de côté lui dévorant l’abdomen ; sa respiration, haletante par la colère et sa course à travers Florence, siffla dans le silence de la rue. Un instant d’éternité, et il ouvrit à nouveau les yeux, brillants de détresse et de rage. Tant de beauté qui ne serait pas à lui.

« Jamais. » souffla t-il, défaitiste à souhait, avant de reprendre sa route, les chevilles tremblantes sur les pavés de la route.

Découragé, il jette violemment sa veste dans l’herbe et s’enracine enfin au bord de l’Arno, le regard plongé dans le reflet des rayons du soleil, chassé par la nuit. Le reflet sur l’eau lui rappelle ce matin qu’il a vécu avec Mila, un des premiers. Suivant cette nuit où ils ont dormi dehors, au bord de l’eau, loin de Florence. Décors tiré d’un livre, histoire du même auteur. Christian ferme les yeux, son cœur frappant durement le côté droit de sa poitrine. Jamais il ne tapera le côté de gauche, n’est-ce pas ?

Et voici cette mélodie. Elle naît doucement, en crescendo, comme s’il fallait le temps pour l’imaginer. Comme un dessin qui se laisse découvrir au fur et à mesure des traits. Il entend les couleurs de l’orchestre, les nuances des harmonies. Naturellement, son corps tend vers le geste. Il est seul, et même si l’été garde longtemps le soleil auprès de lui, les bords de l’Arno sont vides d’âmes errantes… Sa main se lève, vole dans l’air frais du soir ; elle s’enroule autour du mouvement, emporte son souffle et voici son corps qui est emporté par ses doigts fins. Il tourne le dos au fleuve, sa silhouette svelte jouissant soudainement de lumière et de présence, mais son pas de danse est coupé court par la surprise. Il sursaute, te voyant maintenant, tapie derrière lui ; toi, l’inconnue des bords de l’Arno.

Les arbres autour de vous frissonnent sous un vent froid ; Christian ne quitte pas tes yeux, t’agressant du regard, comme si tu avais fait quelque chose de mal.

Il se penche enfin, rompant l’intensité de son regard hypnotique, saisit sa veste du bout de ses doigts frêles et revient des yeux vers toi.

Il ne dira rien, à toi de désarmer son regard de fauve.

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(misha) désarme moi.

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