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 La chute (mhyrra)

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Gulia Bertellini
Gulia Bertellini

Messages : 34
Date d'inscription : 26/05/2015

La chute (mhyrra) Empty
MessageSujet: La chute (mhyrra)   La chute (mhyrra) EmptyJeu 28 Mai - 11:42

    Assise sur le béton, un miroir calé entre ses genoux frêle, elle s'applique à peindre d'une jolie manière le fard rose sur ses joues. Jolie poupée, dans sa robe sombre, ses cheveux redressés au dessus de ses épaules. Elle fait tâche, elle ressemble pas aux autres ombres qui errent, fantomatiques dans Florence. Sa main manie le rouge à lèvres, habile et maladroite en même temps, le trait s'étire, recouvre l'original. Belle enfant, elle plonge les artifices dans son sac hors de prix, le Chanel, celui qu'elle aime à montrer quand les circonstances le veulent. Les circonstances aiment rires des gens, se moquer avec amertume des pantins qu'elles manient. Gulia, les ficelles au bout des bras, se lèvent et vagabonde, femme dans un corps d'enfant, frêle oiseau qui se crée un chemin au milieu des gens, de ces miséreux qu'on préfère ne pas regarder quand on les croise. Ils sont ivres, dévastés pour la plus part. Ils sont les échoués, ceux qui s'épuisent au travail, ceux qui laissent leurs vies s’effiler.

    Gulia court sur le trottoir, hissé sur des talons trop hauts. Elle va être en retard, encore une fois. Elle arrivera là-bas où tout le monde se connaît déjà, elle cherchera à faire bonne figure mais elle ne trouvera pas sa place. Elle la trouvera jamais sa place. Gulia, elle devrait finir ivre sous un pont, à compter les ivrognes. Pas au milieu des grands, à marcher sans jamais toucher le sol, effleurer les gens avec une grâce qu'elle voudrait naturelle.

    Pourtant elle s'y sent bien, dans son théâtre de papier. Elle vit plus fort quand elle grimpe les marches de marbres qui mènent à sa salle de bal. Tout en haut les gens rient, les gens sont beaux. Elle n'est pas en avance, mais elle s'avance, sûre que la terre entière n'a d'yeux que pour elle, qu'on se délecte de son corps richement vêtu. Sa robe hors de prix et ses ongles joliment vernis. Elle salue des inconnus, embrasse la joue de princesses qu'elle ne reconnaît pas. Elle joue ce rôle qui lui colle à la peau, un verre de vin à la main. Elle s'enivre de leur richesse, l'enfant envieuse. Gulia ne restera pas longtemps, juste assez pour être vue, pour être confondu avec ces étoiles brillantes qui gravitent dans la salle. Un gala de charité, quelque chose comme ça. Quelque chose de flamboyant, excessif au possible, organisé par un homme dont tout le monde murmure le nom. On ne parle pas fort pour ne pas réveiller le loup. Les galas se ressemblent tous. Les femmes discutent de leurs amants, les hommes se vantent de leurs maîtresses. L'art du faux semblant. Sa coupe entre les doigts, Gulia finit par s'arrêter, essouffler de s'aventurer sans respirer dans ce monde de requins. Elle pourrait être fragile, la poupée au teint pâle, l'enfant aux yeux immenses. Elle pourrait être de celles qu'on brise sans le vouloir, si elle ne se persuadait pas d'être différente. L'innocente tempétueuse. Elle porte le vin à ses lèvres, le laisse brûler sa gorge. La douceur du miel envahit son palais, et elle sourit discrètement. Sa mère le trouverait bien fade, ce vin hors de prix qui s'invente des arômes. Sa mère les trouveraient bien fades, tous autour. Alors les doigts de l'enfant se ressèrent contre le verre transparent. Parmi la foule y a ce visage, ce dessin de chérubin  au milieu d'une horde de loup. Gulia sourit, sincèrement. Si l'apnée est de rigueur, ce visage un peu plus loin est l'oxygène. Sur ses talons, elle se fraye un chemin, se glisse et se faufile avant de se laisser tomber sur un siège élégamment habillé, oubliant presque d'être belle, oubliant presque l'élégance et la rigueur. Elle ne regarde pas la fille, cette poupée voisine qu'elle s'est pourtant empressée de rejoindre. Elle l'a croisé avant, plusieurs fois déjà. Elle se souvient son prénom, et leurs maigres conversations. Un sourire au coin des lèvres , elle observe les gens amassés devant elles. « T'as repéré le buffet ? »
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La chute (mhyrra)

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